Venezuela : démocratie participative à la Chavez

Por Venezuela Real - 23 de Abril, 2007, 15:56, Categoría: Política Nacional

Marie Delcas
Le Monde
20 Avril, 2007

La "révolution bolivarienne" chère au président vénézuélien Hugo Chavez a décidé de miser sur la démocratie participative plutôt que sur la démocratie représentative. Alors que le chef de l'Etat s'est arrogé le pouvoir de légiférer et que le Congrès a été mis en veilleuse, des milliers de conseils communaux sont censés canaliser la participation à la base.

"Le conseil communal, explosion du pouvoir populaire", dit l'affiche rouge sur la porte de la cantine scolaire, transformée, ce samedi matin, en salle de réunion. Dehors, dans un enchevêtrement de parpaings et de ciment, les ruelles s'éparpillent sur la montagne qui surplombe le centre de Caracas.

Avant même que ne démarre la réunion du conseil communal de San Agustin Sur, le débat s'engage entre la dizaine de participants arrivés à l'heure. Trois jeunes femmes voudraient faire retaper le jardin d'enfants. Les autres considèrent que la construction de dépôts à ordure est plus urgente.

"Avant, c'étaient les fonctionnaires et les politiciens corrompus qui décidaient. Maintenant, le conseil communal va prendre les choses en main", explique Efrain Antonio Gonzalez. A l'âge de 56 ans, il vient de passer son bac grâce aux "missions" éducatives mises en place par M. Chavez. "Le président l'a dit : "Tout le pouvoir au peuple". La révolution va enfin avancer", insiste-t-il, avec orgueil. Une voisine l'interrompt : "Au lieu de causer, Chavez devrait plutôt exiger des résultats de ses ministres." Le ton de la discussion monte d'un cran.

Réélu avec 62,8 % des voix le 3 décembre 2006, M. Chavez a opté pour accélérer la construction de ce "socialisme du XXIe siècle" qu'il invente au fil de ses discours. Une loi dite "habilitante" lui permet de légiférer par décret pendant dix-huit mois. "Le président Hugo Chavez veut transférer le pouvoir à la base. Les conseils communaux sont l'expression de cette démocratie directe qui doit dynamiser la démocratie représentative", explique le nouveau vice-président de la République, Jorge Rodriguez.

Les Vénézuéliens qui appuient la "révolution bolivarienne" de M. Chavez voient dans le pouvoir communal un puissant agent de transformation sociale et politique. Ceux qui la redoutent aussi. Depuis l'adoption de la loi qui les a créés en 2006, plus de 18 000 conseils communaux - ruraux et urbains - ont vu le jour. Ils devraient finalement atteindre le chiffre de 30 000. Prévu pour regrouper entre 200 et 400 familles vivant dans une même zone, le conseil communal, à la différence des institutions traditionnelles, définit lui-même ses frontières. Le droit de vote est rabaissé à 15 ans.

"Convaincu de l'inefficacité de son administration publique, de la corruption qui y règne, Hugo Chavez tente de court-circuiter les institutions de l'Etat pour s'appuyer directement sur le peuple", explique la politologue Ana Maria San Juan.

Selon la vice-présidence de la République, les conseils communaux ont reçu, en 2006, l'équivalent en bolivars de 1,2 milliard d'euros. Ils en percevront plus du double en 2007, pour ici refaire les trottoirs ou là monter une maison des jeunes. "La révolution a des idées et beaucoup de moyens. L'enthousiasme des gens fait le reste", note Hipolito Moreno, un Colombien venu travailler à la mise en place d'un programme de rénovation urbaine.

Serveuse dans un petit bistrot du centre de Caracas, Dibisay raconte qu'à Bello Monte, où elle vit, le conseil communal n'a pu être formé, faute de quorum aux réunions. "Les gens n'y croient pas ou ils s'en foutent", confie-t-elle. La patronne signale que dans son quartier à elle, "les chavistes ont évidemment pris le contrôle du conseil".

Au sein de l'opposition, d'aucuns voient dans les conseils communaux le dernier instrument en date de la "cubanisation" du Venezuela. "Les propos de certains hauts fonctionnaires prêtent à confusion, car ils présentent les conseils communaux comme le relais local de la politique gouvernementale ou la cellule de base du nouveau parti", juge Elias Santana, directeur de l'Ecole des citoyens, une organisation sans but lucratif qui promeut la vie associative et la participation populaire. M. Santana défend ses thèses dans les pages d'El Nacional et de Tal Cual, deux quotidiens favorables à l'opposition.

Selon lui, "les conseils communaux s'inscrivent dans un mouvement plus large et très dynamique en Amérique latine, qui tente, notamment à travers les expériences de "budget participatif", de rapprocher la prise de décision politique des citoyens". A la différence des "cercles bolivariens", ces associations promues un temps par M. Chavez et aujourd'hui quasiment disparues, les conseils communaux sont conçus comme des institutions.

"Grand comme la France et l'Allemagne réunies, le Venezuela compte à l'heure actuelle 335 municipalités. La France en a, à elle seule, plus de 36 000", rappelle Temir Porras, un haut fonctionnaire formé en France, à l'ENA. Le vice-président vénézuélien commente en souriant : "Vous voyez, vous avez déjà vos conseils communaux."

Mais, problème, les conseils communaux sont directement rattachés à la présidence de la République. La "commission présidentielle du pouvoir communal" décide donc de l'attribution des fonds. Les plus fervents défenseurs du pouvoir populaire s'en inquiètent, tel Roland Denis, ancien ministre du plan, jugeant que "le caudillisme du régime peut s'en trouver renforcé". Il considère toutefois que la création des conseils communaux représente "un espoir historique d'en finir avec les structures de l'Etat bourgeois".

Comment articuler conseils communaux et institutions de l'Etat - les mairies et les préfectures -, dont certains révolutionnaires appellent de leurs voeux la disparition ? Comment concilier les vertus de la démocratie directe et les besoins de la planification à long terme ? Comment éviter que politiciens et bureaucrates ne noyautent les conseils communaux ? "Beaucoup de réponses sont encore à trouver", admet le vice-président Rodriguez.

Les conseils communaux pourraient bien offrir un nouveau cadre d'action à l'opposition vénézuélienne, absente de l'Assemblée nationale, pour s'être retirée des élections législatives en 2005. "Pour éviter que Sa Majesté Chavez ne nous contrôle et ne nous surveille comme le fait Fidel Castro, appliquons une règle élémentaire du judo : profiter de l'élan de l'adversaire pour le contrer. Prenons d'assaut les conseils communaux ou infiltrons-les", prône l'opposant Jésus Petit Da Silva.

Mais, pour Elias Santana, "si la dynamique de la polarisation politique chavistes contre antichavistes s'installe au sein des conseils communaux, l'espoir de voir s'installer au Venezuela une véritable culture de la participation populaire s'évanouira".





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